Les « pépères » du régiment territorial du 92e n'ont rien à envier aux jeunes de l'active et de la réserve. Avec le stoïcisme de leurs fils, sinon avec leur ardeur et leur entrain, ils ont tenu, pendant près de cinq ans, et ils ont tenu magnifiquement.
Le 6 août 1914, le quatrième bataillon du 99e territorial que commandait M. le chef de bataillon Wolfowicz quittait Clermont pour le Maroc où l'on craignait, à juste titre, que l'Allemagne ne nous crée de sérieuses difficultés. Ce ne fut point, en effet, une vie de pères de famille que vécurent, d'août 1914 à janvier 1915, nos braves territoriaux. A Fez, à Meknès, ils durent accomplir de durs travaux et, souvent, dans le Riff, faire le coup de feu contre des rebelles qu'ils réussirent à mater.
Les trois autres bataillons du 99e étaient partis de Clermont, également dans les premiers jours d'août, pour le camp de la Valbonne où, après un court entraînement, ils étaient dirigés en Alsace. Le 4e bataillon revenu du Maroc devait bientôt les rejoindre et durant trois ans et demi, le régiment tint les secteurs de Seppois, de Burnhaupt, de Michelbach, d'Ammertzwiller.
Le général Vigy, commandant la 105e division, lui décernait cette appréciation :
Voilà un an, le 25 octobre 1915, que le 99e territorial tient les tranchées du front d'Alsace, avec la 105e division. Malgré des pertes douloureuses où officiers et soldats ont confondu leur sang, jamais le courage ni la décision de vaincre n'ont failli une minute et c'est avec fierté que le régiment, loin de se plaindre, se glorifie de son service chargé et des travaux aujourd'hui réalisés, qui lui permettent de voir avec confiance arriver le deuxième hiver, après en avoir déjà supporté un vaillamment dans des conditions plus précaires.
C'est le 99e territorial qui a pris pied dans les bois d'Hirtzbach, c'est lui qui a réussi diverses progressions vers Bisel. Guidé par ses chefs, il a réalisé une organisation défensive, aussi complète que solide, contre laquelle l'ennemi est venu plusieurs fois se heurter en vain et dont je lui offre encore de tâter toute la valeur.
Soldat, du 99e territorial, je vous félicite de votre constance et de votre dévouement. Beaucoup de vos camarades sont tombés pour la Patrie. Ils ont connu du moins la gloire de mourir en braves, en terre d'Alsace, pour le salut de la France et la délivrance de nos frères opprimés.
Rappelez-vous les nobles paroles d'un de vos ancêtres attaqué par surprise :
« A moi Auvergne, ce sont les ennemis. »
Le 99e quittait en mars 1917 l'Alsace pour Verdun où, pendant plusieurs mois, il accomplit des travaux en première ligne, sous le feu de l'ennemi. Là, nos territoriaux firent l’admiration des plus exigeants en matière d’héroïsme. Plus tard, on retrouve le 99e en Argonne, en Champagne, dans les Flandres. Une compagnie occupe le mont des Cats.
Le 2 juillet 1918, le régiment revient en Champagne, dans la montagne de Reims, où il reste jusqu’à l’armistice, date à laquelle il progresse avec nos armées dans le Nord et en Belgique. En janvier dernier, les survivants du 99e territorial étaient rendus à la vie civile. Ils pouvaient se rendre ce témoignage qu’ils avaient accompli largement leur devoir : un tiers d’entre eux étaient restés sur les champs de bataille.